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Samedi 22 janvier 2005, la ville de Sarcelles, les associations sarcelloises et bien sûr les Sarcellois ont montré une fois de plus, si besoin était, qu’ils avaient du cœur.
Après la terrible catastrophe qui s’est produite en Asie du Sud, Sarcelles ne pouvait rester indifférente face à ce drame.
Elle compte parmi ses habitants, près de cinq cents familles tamoules, c’est à dire plusieurs milliers de personnes originaires du Sri Lanka ou de l’état indien du Tamil Nadu- ex état de Madras - deux des onze pays qui ont été touchés par le tsunami.
Au Sri Lanka, ce tsunami a occasionné la disparition de près de 30 000 personnes.
On sait malheureusement que le bilan s’est terriblement alourdi avec près de 220 000 morts pour l’ensemble des pays touchés par ce malheur.
Jour après jour, on retrouve encore et toujours des cadavres principalement en Indonésie, le pays qui a payé le plus lourd tribut à cette catastrophe.
Le dimanche 9 janvier 2005, une quête a eu lieu sur le marché de Sarcelles, une intervention lors des vœux de la Municipalité par des responsables tamouls et l’après midi, une manifestation de solidarité avec les victimes de ce tsunami au champ de Foire.
Ce samedi 22 janvier, de 12 à 18 heures, plusieurs personnes ont couru sur le vieux stade d’athlétisme pour témoigner de leur soutien.
Le soir s’est déroulé à la salle Malraux, un spectacle avec des danses, des chants, de la capoiera – un art martial brésilien – et diverses animations.
A Sarcelles, beaucoup de spectacles organisés par les associations sont gratuits, ce qui permet à tous les Sarcellois de profiter des multiples trésors artistiques que regorge la ville.
Symboliquement, ce samedi, l’entrée était de 5 € et cet argent servira à la communauté tamoule pour aider les leurs.
Comme à l’accoutumée, la soirée fut prise en main par les deux MC – masters of ceremony – que sont les frères Sanogo, K6 et Cocott, les rois de la tchatche !
Les deux frères, animateurs à la maison de quartier Valéry Watteau ont été les protagonistes d’une émission d’Anne Sinclair « Libre cours « qui eut lieu fin janvier sur France Inter.
Ils étaient confrontés à Fadela Amara la présidente de Ni putes, ni soumises pour dire que non, tous les jeunes de banlieue ne sont pas des graines de violeurs et qu’eux travaillant sur le terrain connaissaient la réalité des choses !
La verve des deux frères, leur talent, leur brio, leur dynamisme ont rythmé les prestations des artistes – charmantes – du centre de danse emmenée par Alicia, les chants du REC Studio, de Teenager, et de la MJC, la capoiera, les danses de l’association vietnamienne de Sarcelles, du hip hop et bien sûr les prestations scéniques indiennes et tamoules qui faisaient référence au drame survenu en Asie dans une dramaturgie des plus sobres, mais nullement dénuée de gravité face à cette cinquième plus grave catastrophe qu’aurait connue l’humanité !
Pour sa part, le Club des Belles Images a tenu un petit stand pour vendre les œuvres photographiques de ses adhérents sans oublier naturellement les images prises par ses photographes Nadia Ben Hamouda, Christine Nguyen, David Aranda, Colette Alix, Xavier Zimbardo et votre serviteur.
Images que nous mettrons à disposition de toutes les actions de solidarité aux sinistrés de ce tsunami.
L’association Trait d’Union nous servit des mets et des douceurs orientales des plus excellentes.
Une soirée qui a permis de recueillir la modique somme de 2700 €. et qui a pu être mise sur pied grâce à de très nombreux bénévoles dont Farouk, Nabil, Aicha, Nadeen Delarue directrice de la MJC, Laurent, Steve, Nadia, Sakina, Nora, Angel Rodrigo, Reda, l’Union Amicale Franco-indienne, l’Association des Franco- Tamouls, la MJC de Sarcelles qui chapeauta cette soirée et tant d’autres. Le maire, M. François Pupponi est ensuite intervenu pour dire que la ville de Sarcelles s’impliquerait au Sri Lanka pour aider la population locale à rebâtir une école ou un hôpital.
La solidarité des Sarcellois démontrait que si la presse et les médias dépeignent toujours notre ville sous les pires augures, la vérité est différente.
Nous le savons, il ne faut pas faire de l’angélisme, tout ne va pas bien dans cette ville, mais comment une ville qui supporte à elle seule 80 % de logements sociaux pourrait-elle aller bien, alors que de riches communes des Yvelines préfèrent payer de lourdes amendes plutôt que d’accueillir des logements sociaux sur leurs territoires !
Le fardeau des solidarités nationales échoit souvent aux mêmes !
En janvier dernier, l’hebdomadaire Marianne a publié un article fort juste sur les ghettos que créait l’Etat ici à Sarcelles.
Malheureusement cet article était illustré de photos prises de nuitpar une lumière blafarde pour accentuer le côté sinistre qu’aurait Sarcelles !
Les habitants de notre ville malgré nos différences, malgré nos horizons divers ont su se rassembler pour un soir et témoigner que si Sarcelles est sans doute devenue une des villes les plus pauvres de France – les raisons sont multiples et diverses, désengagement de l’Etat par exemple - la richesse de cœur des Sarcellois n’est pas un vain mot.
Une solidarité plus probante que celle manifestée par certaines stars ou certaines entreprises qui se précipitent dans les médias pour bien faire connaître le montant de leur chèque, manière de se dédouaner de tout ce qu’ils n’avaient jamais fait pour d’autres causes auparavant.
Martial BEAUVILLE
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