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Afin de se conformer au titre du festival, l’organisation, toujours prompte à innover, décida cette année d’agrémenter ces huit jours de jazz ininterrompu de huit jours non-stop de neige abondante. Cela perturba un peu les déplacements sans gêner aucunement le déroulement de la manifestation car Marie-Christine Dubourg, la très charmante présidente, sait, sur le bout du doigt, comment orchestrer l’événement.
Comme tous les ans en février, se retrouvent au Mont-Dore, et aussi à La Bourboule (5 km en aval) et dans quelques autres communes voisines, six douzaines de musiciens, tous de bon aloi, s’éclatant dans 70 concerts, gratuits SVP, le tout incluant une soirée de gala le mercredi et une soirée de clôture. Il s’ensuit un festival unique en France.
Le gala fut confié cette fois au grand orchestre de Gérard Badini, la Super Swing Machine précise et percutante dans un répertoire en bonne partie fourni par Duke Ellington et servi par d’excellents musiciens. Autour de François Biensan et André Villéger, deux jeunes vétérans présents depuis les débuts du big band, figurent en embuscade de superbes nouveaux venus tels Jérôme Etcheberry ou Michel Pastre. Par ailleurs, ce dernier, pendant deux autres jours, dirigea un sextette qui fit sensation : Jérôme Etcheberry (trompette), Jean-Claude Onesta (trombone), Pierre Christophe (piano), Raphaël Dever (contrebasse) et François Biensan (batterie). Michel Pastre au saxo ténor prend une stature exceptionnelle par le son, le volume, l’aisance, l’imagination, bref le swing !
Sans don d’ubiquité, devenu rare aujourd’hui, impossible évidemment de tout entendre, reste à l’auditeur sérieux de se concocter un programme de choix, à la carte. Dès l’ouverture il pouvait apprécier Jazz O’Clock où la rythmique Bruno Bonté (banjo, guitare), Pierre-Luc Puig (contrebasse) et Ivan Capelle (batterie) assiste l’impeccable Paul Chéron au soprano et Thibaud Bonté (fils du Bruno susnommé) une révélation à la trompette. Agé de 25 ans, il aligne quelques thèmes de Louis Armstrong du temps des Hot Five avec un culot assorti d’un talent vraiment prometteur. S’il persévère sur cette lancée nous reparlerons de lui !
Le Septet Trio offre des prestations réjouissantes : Pierre Jean installe une assise confortable au piano, la batterie de Jean-Luc Guiraud propose une pulsation stimulante et Boss Quéraud passe de la clarinette au saxo alto et à la trompette avec une conviction swinguante et un swing convaincant. Le répertoire utilisé délaisse les fantaisies exotiques insérées dans leur récent CD. Label Swing permet de retrouver avec une satisfaction incrédule Francis Guéro, disparu au faîte de son talent depuis plusieurs années suite à un séjour insolite et hindou. En amateur discret il revient nous montrer que son trombone n’a rien perdu de sa brillante éloquence ‘vic-dickensonienne’. Ouf !
Chez les New Orleans Z’Hulus se remarquent, là encore, Pierre Jean au piano et aussi le superbe Frank Robertscheuten découvert voici quelques années. A la clarinette et à l’alto, il s’exprime constamment avec une aisance, une virtuosité, un swing admirables. Renfort des régionaux de Sac à Pulses, l’incontournable Daniel Huck apporte verve, bonne humeur, enthousiasme et swing avec la complicité de Christian Vaudecranne, par ailleurs directeur artistique et animateur infatigable. Infatigable ainsi qu’il le prouve encore à la tête de Signé Swing, un trio trépidant et jubilatoire qui sait communiquer sa frénésie au public. Un invité de qualité, Guy Bonne, intègre avec bonheur une partie de clarinette inspirée à la musique du groupe.
Pour ce qui est euphorie contagieuse, une diablesse ne craint personne, il s’agit évidemment de Sweet Mama, alias Catherine Girard, alias Cajoune. Invariablement le swing de son ramage et de son plumage en forme de washboard enflamme et ravit le public, avec l’aide de ses trois hommes de main : Philippe Juhel (guitare, harmonica), Stéphane Barral (contrebasse) et l’irrésistible violon de Jean-Christophe Rouet.
En marge des concerts officiels, chaque soir se déroulent des confrontations impromptues, souvent fort excitantes. Le concert le plus tardif débute toujours chez Mimi, vers 23 h – 23 h 30, tous les autres acteurs en ayant terminé plutôt convergent vers ce haut lieu afin de dégainer et de proposer leurs versions des choses. The joint is jumpin’ !
Alors ? Rendez-vous en février 2006 !
André VASSET
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