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« Sous le pont Mirabeau coule la Seine, et nos amours, faut-il que je m’en souvienne, la joie venait toujours après la peine.
Le monde entier connaît ce poème de Guillaume Appolinaire écrit en 1912, extrait de son recueil « Alcools «
Si le Pont Mirabeau est le lieu évocateur de de sa liaison, c’est la Seine qui rappelle à Appolinaire son amour perdu.
Autant que Venise et son pont des Soupirs, la Seine est le fleuve des amours et des amoureux ou tout simplement des amoureux de Paris qui ne peuvent qu’aimer la capitale de la France avec sa maîtresse, la Seine qui fait corps avec la ville Lumière.
Pascal Lemaitre, le commissaire scientifique et photographe déclarait le jour de l’ouverture de l’exposition « la Seine des photographes « , descendre une station de métro avant sa destination pour avoir le plaisir de traverser la Seine.
Il faut avouer que nous sommes nombreux à enjamber les mille et un ponts rien que pour voir couler ce fleuve mythique qui donna , en des temps immomériaux , son nom au département capitale.
Les photographies présentées dans cette exposition ne sont rien moins que des déclarations d’amour. Pas une image où la Seine serait le lieu des tourments.
On nous rappelle que Daguerre, un des pionniers de la photographie se rendit sur les bords de la Seine pour essayer le premier appareil photographique en 1836.
Par la suite, des photographes renommés et non des moindres tels que Le Gray dont le prix des images plombe le marché mais aussi Atget, Kertesz, Doisneau, Izis ont tous été inspirés par la Seine et ses berges.
Si l’image de la Seine est liée à Paris depuis que la tribu des Parisii s’installa à Lutèce dans la Gaule ancienne, l’exposition retrace l’histoire iconographique du fleuve depuis ces cent cinquante dernières années.
Le quotidien gratuit Metro un des partenaires de cette exposition nous narra dans chacune de ses éditions l’histoire de ces photographies.
Fort heureusement, l’exposition ne montre pas que la Seine parisienne, mais aussi son estuaire comme cette image de Pascal Bastien, un cliché de Robert Demachy d’une péniche à Rouen en 1904 ou les constats architecturaux de Pascal Lemaitre dans le port de Gennevilliers
Cette promenade au bord de l’eau à laquelle nous convie le Centre des Monuments Nationaux et les Voies navigables de France à la Conciergerie est un voyage dans le passé avec des autochromes de Jules Gervais Courtellemont en 1910,.
C’est aussi une pérégrination dans la photographie contemporaine avec des auteurs comme Bruno Requillard ou Eve Morcrette.
Cette artiste nous invite à découvrir les berges de la Seine sous un angle inhabituel.
Candidate à l’organisation des Jeux Olympiques de 2012, la capitale s’était parée de mille couleurs et Eve Morcrettea su capter cette polychromie dans une douceur délicieusement floue.
On retrouve au cours de cette exposition des classiques comme la péniche aux enfants de Willy Ronis en 1959 mais également de nombreuses photographies prises par l’homme de l’instant décisif, Henri Cartier Bresson à qui la Conciergerie dédie un hommage posthume.
On découvre avec curiosité les images de Branger lors des inondations de 1910. Ce cliché de Gilles Caron pris en mai 1968 montre que les Parisiens n’étaient pas tous sur les barricades. Nombre d’entre eux préféraient la bronzette à la piscine Deligny. Paris plage avant l’heure.
En préambule, nous annoncions que la Seine était le fleuve des amours, beaucoup de belles parisiennes se firent photographier sur les berges de la Seine comme ces pin up en 1946 par Eric Feher ou ce mannequin qui semble égaré dans sa bulle en 1963 par Melvin Sokolovsky. On aurait pu tout autant ajouter Willy Maywald et son modèle de Christian Dior en 1947 et qui ne figure pas dans l’exposition.
Photographiée le jour et la nuit, la Seine nous invite à clore ce voyage avec des images intriguantes de Michael Kenna où une brume évanescente semble flotter sur le fleuve dans une athmosphère ouatée et onirique.
Un livre publié en co- édition avec Gallimard, le Monum et les éditions du Patrimoine retrace cette promenade sur « la Seine des photographes « .
Martial Beauville.
Exposition jusqu’au 8 mai 2006 à la Conciergerie Sainte Chapelle, 2 avenue du Palais
75001 Paris. M° Cite.
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