C’est un mouvement de contestation spontané et sans leader, hors des partis et des syndicats. Apparu à la rentrée 2018 grâce aux réseaux sociaux, il tire son origine de la flambée des prix du carburant, avant d’accueillir les revendications de chaque participant : faiblesse des salaires, précarité, retraites, démocratie directe, sujets de société…
Le signe de ralliement : le gilet jaune, facile à se procurer car obligatoire dans tous les véhicules.
Le 17 novembre est la première journée d’action nationale. 290 000 personnes manifestent dans toute la France avec des objectifs simples : installation sur des ronds-points, blocages d’accès à des sites stratégiques…
Dans les grandes villes, et notamment à Paris, chaque samedi de mobilisation voit la violence aller crescendo, avec un pic d’affrontements avec les forces de l’ordre et de dégradations le 1er décembre. Les Gilets Jaunes cohabitent avec les anti-système d’extrême gauche et droite qui veulent en découdre, comme à chaque manifestation depuis des années. C’est le point faible du mouvement : totalement ouvert, sans leader donc, mais sans structure pour encadrer.
Le samedi suivant 8 décembre est craint, entre peur de dérapages mortels et surenchères verbales comme l’annonce d’une marche sur l’Élysée. Le jour J, l’expression « ville morte » est exagérée, mais Paris offre un visage inhabituel. Les grands magasins, salles de spectacles, musées et artères touristiques comme les Champs-Élysées sont fermés, les boutiques protégées par des contreplaqués. Comme un état de siège.
Un impressionnant dispositif de sécurité est mis en place, avec 8000 personnels des forces de l’ordre dans la capitale. Chose rare, les VBRG (Véhicule blindé à roues de la Gendarmerie) sont utilisés. Plus de mobilité, et en même temps de véritables barrages. Il est impossible de se balader à pieds dans la rue de son choix autour des Champs-Élysées. Le bas de l’avenue, entre le rond-point des Champs et la Concorde est totalement fermé. Un no man’s land.
Ces photos ont été prises cet après-midi-là. Les manifestants marchent dans un esprit bon enfant. Mais la violence est toujours là. Les premiers affrontements se déroulent avenue Marceau. Projectiles contre lacrymos. Cela se répétera toute la journée. Il y aura 126 blessés à Paris. Et 920 interpellations (source : Le Monde.fr, 9 décembre).
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Walter Saraiva