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Marseille, son vieux port, sa Canebière. Tout le folklore rendu célèbre par Pagnol dans ces films d’avant guerre est toujours là. Le café de La Marine reconstruit à l’identique sert toujours l’aïoli en plat du jour.
Marseille est en plein bouleversement.
Les travaux du tramway, le dernier faire valoir des municipalités, ont éventré la ville pendant plusieurs années.
L’arrivée du TGV qui met les Parisiens à trois heures de Paris a attisé l’appétit des promoteurs. La municipalité de droite a vendu la rue de La République à un fonds de pension américain qui réalise actuellement la plus grosse opération immobilière du pays.
Tous ceci éloigne du cœur historique de Marseille les familles modestes qui font encore la spécificité de la deuxième ville de France.
C’est dans deux lieux mythiques, de part et d’autre de la Canebière que Serge ASSIER expose ses « Travaux Communs ». A l’Alcazar, ancien music-hall où Maurice Chevalier et Yves Montant ont débuté, aujourd’hui transformé en un bâtiment moderne qui accueille une bibliothèque municipale et à l’Espace Culture de l’autre coté de la Canebière.
Ces « Travaux Communs » sont un extrait de huit expositions de photographies réalisées avec la collaboration écrite de Michel Butor.
Travail original où un écrivain compose des poèmes à la vue de photographies. Durant la conférence qui précéda le vernissage, Michel Butor expliqua que pendant la période de préparation, Serge Assier lui envoie des épreuves au fur et à mesure qu’il travaille sur un sujet. L’écrivain s’en imprègne. Il n’écrit que lorsqu’il a reçu les tirages choisis l’exposition. De part la disposition des textes et des images, l’exposition oblige le spectateur à faire un aller retour entre écrit et photographies ce qui crée un dialogue original.
Serge ASSIER ne prend pas des photos pour passer le temps, il est photographe comme peu peuvent s’en prévaloir.
Né en 1946, photographe autodidacte, il vit et travaille à Marseille. A 21 ans il conduit un taxi la nuit et fait de la photographie la journée pour son plaisir.
Photographe pour l’agence Gamma il couvre l’actualité et le festival de Cannes pendant vingt ans.
Aujourd’hui reporter photographe au quotidien « La Provence » , son engagement en photographie est total. Tout son temps libre, toute son énergie, tous ses moyens sont consacrés à ses expositions. Il est présent tous les ans à Arles à la Maison des Associations où ces apéritifs midi et soir sont célèbres.
A Perpignan, il fait des jaloux en exposant dans un temple protestant à deux pas de l’hôtel Pams. Il n’est ni dans le IN ni dans le OFF des festivals. Il est lui, avec chaque année une exposition différente en noir et blanc, toujours présentée de façon très professionnelle. Qui d’autre aujourd’hui a le culot de monter une exposition avec des vues stéréoscopiques parce que c’est la meilleure façon qu’il a trouvée de rendre visible le Mistral à travers ses photographies.
Il n’a rien à vendre. Il se refuse à commercialiser ses photographies, éditant à ses frais un catalogue de chaque exposition. Il a fait don à la Bibliothèque Nationale de son œuvre.
A ce jour, il a créé ainsi quinze expositions. Photographe humaniste, les êtres humains sont toujours présents sur ses images, pris dans leurs vies quotidiennes. Les popes du mont Athos, les enfants de l’Estaque, quartier populaire de Marseille, les amoureux de Good Mistral, les ouvriers à Venise, tous sont saisis avec tendresse et respect.
Sa gouaille de Marseillais, sa chaleur humaine communicative, en font un personnage attachant.
Claude Chansard
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