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Cette exposition retrace l'histoire et la singularité de l'agence Viva (1972-1982) à travers une sélection de 150 images.
Issu de la mouvance de mai 68, l’agence est fondée dans un état d'esprit communautaire, par huit photographes. Après Magnum, créée à la fin de la deuxième guerre mondiale, elle est l’ancêtre des nombreux collectifs de photographes qui ont vu le jour depuis, par leur mode de fonctionnement démocratique et par le choix des sujets traités.
Lieu d'expressions personnelles, de débats sur la forme et le rôle de la photographie, l'agence adopte une position militante, contestant la diffusion de l'image comme simple objet d'illustration ou véhicule d'actualité.
Le plus bel exemple est le projet « Famille en France ».
Il est une opposition à l'image stéréotypée de la famille diffusée par la presse de l’époque. En se concentrant sur le quotidien, les reportages ainsi réalisés par plusieurs photographes, proposent une réflexion sur la structure familiale ; une structure alors en pleine mutation après mai 68.
Ce travail de groupe, qui ne répond ni à une commande ni à une actualité est mal accueilli par la presse. Jugé dérangeant parce que ne répondant justement pas à l'image consensuelle sur la famille, "Familles en France" est un échec commercial.
L’Esprit VIVA
L'agence va bâtir son image et sa réputation par la publication de portfolios et de tribunes dans les magazines et par la recherche de nouveaux modes de diffusion de l'image Certains membres participent aux projections des Rencontres Internationales d'Arles. Les ateliers photographiques (animés entre autres par Claude Dityvon et Guy Le Querrec) jouent également un rôle stimulant de rencontres et de discussions.
On parle alors de cette agence comme d'une nouvelle école photographique.
1980-1982 : La fin de l’agence, un laboratoire de formes
En 1980, après le départ d'Hervé Gloaguen et la reprise en main de l'agence par Claude Dityvon et Daniel Nouraud, Viva s'engage délibérément dans une voix peu commerciale.
L'agence devient un outil de recherche formel et de promotion d'une nouvelle photographie (naissent des projets éditoriaux, des projets d'expositions) qui attire de nombreux jeunes talents préfigurant des agences comme Vu (1986) ou Métis (1989). L'approche photographique de ces nouveaux auteurs ne correspond pas à la demande de la presse de l'époque.
C’est l’éternel problème de l’adéquation entre le travail d’auteur et la demande commerciale, principal moteur des publications.
Les “années Viva” sont celles de la création des Rencontres Internationales de la Photographie d'Arles, de l'apparition de critiques régulières sur la photographie dans la presse — comme celles d'Hervé Guibert dans Le Monde —, de l'ouverture de la galerie Agathe Gaillard à Paris, en 1975, du Centre National de la Photographie en 1982…
Claude Chansard
Exposition à voir à l’Hôtel de Sully jusqu’au 8 avril.
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