Vous avez tous entendu parler de ce triste fait divers arrivé à Sarcelles fin février lorsqu’ une commerçante du marché, Mme Youma DIAWARA a été tuée par un déséquilibré alors qu’elle se rendait à la banque !
Le crime n’avait pas de motif crapuleux mais il n’en a pas moins plongé tout Sarcelles et les environs dans la stupeur car ici tout le monde ou presque connaissait Youma !
Aimable, généreuse chacun d’entre nous appréciait la gentillesse hors pair de Youma !
Lorsqu’il manquait quelques euros pour acheter de sa cuisine africaine, Youma fermait les yeux et donnait même de la nourriture aux plus démunis !
C’est dire si son assassinat a plongé toute notre ville en état de choc !
Bien sûr on s’est déchaîné encore une fois sur Sarcelles, ville de tous les dangers comme si les déséquilibrés ne se trouvaient que dans la sous préfecture du Val d’ Oise !!!!
Pourtant c’est bien à Lourdes, ville de piété s’il en est, qu’un déséquilibré tenta en 2001 de tuer le maire de la ville et ancien ministre, Douste Blazy !
Pourtant c’est bien à Paris au cours de la «  Nuit Blanche «  qu’un homme poignarda aussi le Maire de Paris en 2002 !
C’est encore en 2002 que Richard Durn fit irruption durant le conseil municipal de Nanterre et tua une grande partie des élus municipaux !
Aux USA, c’est dans des petites villes bien tranquilles que des fous tirent dans la foule et cela pour citer les exemples les plus récents !
La violence est malheureusement partout !
Au cinéma, dans les jeux vidéo, dans les paroles et on ne fait plus de différence entre le virtuel et le réel !

Lors de la marche qui fut organisée en sa mémoire, une immense banderole fut déployée «  Les drames arrivent quand les négligences s’additionnent « 

Il y a quelques années, Luc Bronner, journaliste au Monde et spécialiste de la banlieue recueillit ce témoignage d’un habitant de Grigny « 
On met tous les gens à problème ici et on s’en étonne des conséquences « 
C’est exactement cela !
On crée de fait un apartheid social et on s’étonne un jour que des drames arrivent !
Les bobos parisiens théorisent sur une mixité sociale qu’ils ne mettront jamais en pratique par crainte de franchir le périphérique !
Au lendemain de son décès, les enfants, la famille et les amis de Mme Diawara avaient investi le stand qu’elle tenait au marché de Sarcelles pour recueillir messages de soutien, condoléances et amitié !
La foule s’était pressée nombreuse et j’avoue avoir eu une immense peine et une grande compassion pour ses enfants, Moussa, Khady, Mariam Fofana, Fanta et sa nièce Boudy Tammie.
Durant les jours qui ont suivi ce drame, la foule très nombreuse se retrouvait quotidiennement au gymnase Kergomard pour une veillée funèbre !
La dépouille de Mme Diawara fut rapatriée au Mali et quelques jours après, le samedi 27 mars 2010 une très grande marche silencieuse avec près d’un millier de personnes parcourut les rues de Sarcelles.
Voisins, amis, inconnus étaient tous présents !
La famille proche de Youma brandissait deux immenses portraits de Mme Diawara !
C’était une photo que j’avais prise d’elle sur son stand en 2007 et même si je ne la connaissais pas beaucoup, elle avait toujours fait preuve d’une immense gentillesse à mon égard !
Alors que certains commerçants se montraient réticents à ce que je tire leur portrait, Youma m’accueillit toujours avec un grand sourire !
Poursuivant depuis longtemps un travail de longue haleine sur les différentes populations qui peuplent Sarcelles, je n’ai eu de cesse de photographier la richesse ethnique de ma ville.

En prenant en photo à plusieurs reprises Mme Diawara et sa famille, sa fille Fanta, sa nièce Boudy Tammie je voulais garder en mémoire un peu de l’âme métissée de ce marché, de cette ville Sarcelles qui malgré ses grandes difficultés sait sans doute plus qu’aucune autre manifester une grande solidarité entre ses habitants !
Le frère de Mme Diawara m’informa que la photo que j’avais faite de Youma fut reproduite dans tous les journaux du Mali et d’Afrique !
Au terme de cette marche, François Pupponi le député maire de Sarcelles et des membres et proches de la famille prirent la parole !
J’avoue avoir été totalement bouleversé par le témoignage de Moussa, le fils de Youma !
Il déclara qu’en ayant appris la nouvelle du meurtre de sa Maman, il faillit perdre la raison !
Pour avoir perdu brutalement la mienne il y a 10 ans, j’avais l’impression à l’époque que la Terre se dérobait sous mes pieds !
Si le portrait que j’avais fait de Youma permet aux gens de se souvenir d’elle, je suis heureux que ce modeste geste amène apaisement et sérénité !
Comme le clamaient le message inscrit sur les T shirts lors de cette marche en mémoire de Youma
«  Tu resteras toujours une lumière dans nos cœurs « 


Martial BEAUVILLE.