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Comme chaque année à la fin des vacances, Perpignan a accueilli le Festival International du Photojournalisme.
Quoi de nouveau cette année ?
L’actualité nous a donné le même lot de catastrophes et de guerres.
Tremblement de terre en octobre 2005 au Cachemire : 75 000 morts plus tous ceux qui n’ont pas passé l’hiver faute d’abri dans une région où les températures restent négatives plusieurs mois de suite.
La guerre au Liban cet été, qui chassa de leurs habitations 700 000 personnes.
Et toujours l’Irak où les armées occidentales n’en finissement pas de rétablir la démocratie depuis déjà trois ans.
D’un point de vue photographique, trente expositions regroupant quelques 2000 photographies exhibant les malheurs des hommes, peuvent provoquer une indigestion à tout visiteur, même le plus habitué. D’autant plus qu’il y a une certaine uniformité esthétique commune à beaucoup d’expositions. Au couvent des Minimes surtout, lieu central des expositions du festival, plusieurs sujets donnent une impression de similitude. Les appareils numériques qui augmentent la profondeur de champ, c'est-à-dire que l’ensemble de l’image est nette, l’utilisation systématique des zooms grand angle, la couleur, donnent des images un peu toutes pareilles.
Du coup quelques expositions en noir et blanc avec des images faites en argentique prennent du relief.
Comme la rétrospective de Marie Laure de Decker bien intitulée « Vivre pour voir » qui a couvert tous les conflits dans les années 1970 avant de se consacrer à la mode et à la publicité. Même sur ses images de guerre, on a une impression reposante d’une photographie humaniste qui a tendance à disparaître des sujets actuels.
Même impression à la vue de l’exposition de Rena Effendi, qui a photographiée son pays, l’Azerbaidjan. Des images faites au 6 X 6, en noir et blanc dont se dégage unité et force.
Todd Heisler couvre pour le « Rocky Mountain News « , un journal régional de l’état du Colorado, le retour des cercueils des soldats américains morts en Irak ou en Afghanistan. Il accompagne un officier en charge d’annoncer aux familles le décès des soldats.
Son reportage lui a valu le World Press Photo. Une image est très forte : Prise de l’extérieur d’un l’avion, on voit deux soldats couvrant du drapeau américain un cercueil dans la soute. Au dessus, à travers les hublots, les visages des passagers expriment une interrogation qui semble représentative de ces évènements tragiques qu’ils ne comprennent pas.
Pour voir en images les évènements qui ont marqués l’actualité française, manifestations anti CPE et voitures qui brûlent dans les banlieues, il faut aller se rendre à l’exposition consacrée aux reportages publiés par la presse quotidienne.
La polémique cette année est née de deux images grand format d’Eric Baudelaire.
Elles représentent deux scènes de guerre reconstituées en studio avec des acteurs. C’est le type même de photographie plasticienne qui aurait sa place aux Rencontres d’Arles ou au Printemps de Septembre de Toulouse, mais pas dans le cadre de VISA.
La spécificité de VISA étant justement le reportage et non l’expression artistique à travers le media photographique. Beaucoup s’interrogent sur les motivations qui ont conduit Jean François Leroy à exposer ces images, lui le gardien du temple, intransigeant sur la ligne photo journalistique de sa manifestation.
Un mot du OFF qui s’intitule cette année : « Festival du Photoreportage, Festival de fotopériodisme » ???
Les expositions ont gagnées en qualité et certaines n’auraient pas à rougir dans le IN. Comme celles présentées par le collectif Picturetank à la Bourse du Travail. « Un train pour Lhassa » de René Limbourg sur la construction du chemin de fer entre la Chine et le Ladakh dans des conditions de travail inhumaines et « Xinjiang, la Chine réinventée » de Joan Bardeletti.
Avec l’ouverture d’une FNAC à Perpignan, l’enseigne est présente à VISA. A l’entrée du couvent des minimes, le libraire sympathique a été remplacé par des employés de la FNAC qui vendent des produits culturels
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