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Le manque d’intérêt de la majorité des journaux et magazines pour les reportages des sujets sociaux et humains plombe toujours la profession de photo reporter.
VISA pour l’image, rendez vous annuel de cette profession à Perpignan, célébrait cette année son vingtième anniversaire.
Pour l’occasion, son créateur directeur, Jean François Leroy voulait bâtir un programme de commande de 20 reportages. De par le monde, il n’a trouvé que 12 magazines qui ont acceptés de jouer le jeu.
Il est vrai que le reportage de Cédric Gerbehaye et les conséquences pour la population du Congo d’une décennie de conflits armés, entrainant le déplacement de 800 000 personnes, est moins vendeur et coûte plus cher que quelques images sur la grossesse de Rachida Dati.
La majorité des reportages exposés sont donc autofinancés par les photographes.
Certains magazines, comme Paris Match, mélangent reportages et sujets « people ».
A noter le courage éditorial de cet hebdomadaire qui fut attaqué par l’opinion publique et les politiques pour avoir publié des photos des combattants Afghans avec les effets des soldats Français morts dans une embuscade. On peut comprendre l’émotion des familles des soldats, mais grâce à ce reportage l’ennemi, que l’on qualifie de « Talibans » sans trop savoir qui est derrière ce terme, a un visage.
Si les reporters ne peuvent plus faire leur travail nous ne verrons de cette guerre que les images de la propagande officielle qui est particulièrement active en temps de guerre.
Autre sujet de polémique : les reporters photographes accusés d’être des charognards de la misère du monde.
Jean François Leroy a organisé un débat autour d’un exemple récent. Suite aux violences qui ont accompagnées les élections au Kenya, une photo a été publiée montrant un homme blessé à terre entouré d’une quinzaine de photographes et caméramen.
Pour la première fois étaient réunis autour d’une table le photographe photographiant, celui ayant pris l’image du groupe, et la responsable de l’agence qui l’a publiée.
Pourquoi est-on mal à l’aise devant cette photo alors que nous voyons sans émotion des meutes de photographes faisant la même image d’homme politique où de vedettes lors de la montée des marches à Cannes par exemple ?
C’est un problème d’esthétique et d’éthique face à la souffrance.
Dans la mesure où les secours arrivaient, où la situation était « vraie », pour que l’information passe, il vaut mieux dix photographes que pas de photographes du tout !
Souvenons nous d’une autre image : pendant la campagne présidentielle, Sarkosy se faisant photographier à
cheval en Camargue par une meute de photographes le précédant sur la plate forme d’un camion loué pour l’occasion !
Dans un cas il s’agit d’image réelle, dans l’autre d’une mise en scène.
Au-delà des polémiques VISA pour l’Image c’est avant tout de superbes expositions à admirer. Parmi les plus marquantes :
Paula BRONSTEIN couvre l’actualité afghane depuis 2001. 47 images sélectionnées sur 7 ans de reportages sont exposées sur les mur du Couvent Sainte Claire.
Le résultat est époustouflant par la rigueur de composition de ses images et les informations qu’elles transmettent.
Après avoir exposé à Arles des portraits sur les Gitans sévillans, il expose ici une série sur la communauté gitane de Perpignan.
C’est la troisième année de suite que VISA expose de la photographie plasticienne, commandes du Centre National des Arts Plastiques du Ministère de la Culture et de la Communication.
Pourquoi cette exception au milieu des photo-reportages qui sont la ligne éditoriale de ce festival ?
Yuri KOZYREV, photographe d’origine Russe apporte un démenti à ceux qui disent que l’on ne peut photographier la guerre, en particulier celles menées par les USA, de l’intérieur depuis celle du Vietnam. Son reportage « Inside Iraq », montre à la fois des soldats au combat, et une population victime des violences. Le tout photographié avec beaucoup de talent.
Munem WASIF, a reçu le prix du Jeune Reporter de la ville de Perpignan, pour trois reportages dans son pays, le Bangladesh. Des images d’une esthétique très classique.
VISA OFF, c’est cette année 71 expositions, toujours inégales à l’accrochage et en qualité. Présence de plusieurs expositions collectives comme celle de l’école de journalisme de Hanovre, le collectif AGEF et la FPF, le Collectif des cheminots, celui de l’Hôpital St Jean ou des agents municipaux.
Le palmarès fut un patchwork pour faire plaisir à tout le monde : des Amis du festival de Venise à l’adjudant Drahi, photographe aux armées, pour son reportage « embedded » sur l’action de l’armée Française en Afghanistan.
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