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Jeudi 27 Octobre 2005, Bouna TRAORÉ et Zyed BENNA, deux adolescents de Clichy-sous-bois âgés de 15 et 17 ans, sont morts électrocutés dans un transformateur EDF où ils s’étaient réfugiés pour échapper à la police.
Ce drame a déclenché en banlieue parisienne puis dans la France entière une vague de plus de trois semaines de violences urbaines, un vrai chaos, tout le monde s’en souvient.
Oct. 2005 : Après la mort de Bouna et Zyed, le monde entier n’a vu de nous que violences et voitures brûlées
Oct. 2006 : Et si on arrêtait de mal nous regarder ? Et si on montrait notre vie à Clichy telle qu’elle est ? (Extrait du site www.clichysanscliche.com
Un an après, la municipalité de Clichy et « Ivre d’images Production » offrent une autre perspective et un nouveau regard sur la ville et ses habitants, en proposant trois expositions photos prises par les clichois et 12 photographes de renom, ainsi qu’un livre sur le thème : « Tu m’as bien regardé ? »
Yann ARTHUS BERTRAND, Jane EVELYN ATWOOD, Alexis CORDESSE, Jean Louis COURTINAT, Jacques GRISON, William KLEIN, Sarah MOON, Marie Paule NEGRE, Marc RIBOUD, Joêl ROBINE, Paolo ROVERSI, et enfin Michel VANDEN EEKHOUDT ont accepté de contribuer à cette initiative et exposent une vue différente sur cette banlieue et sa population. Certains d’entre eux ont passé plusieurs mois à Clichy photographiant, marchés, enterrements, groupes d’adolescents, familles, hall d’immeubles… etc., ce qui a permis à l’exposition « Le regard des Photographes » de voir le jour.
A l’entrée de celle-ci une photo de Bouna et Zyed nous accueille, on ne peut s’empêcher de se remémorer cette tragédie, et on comprend que cette expo n’est pas juste la pour nous émouvoir mais aussi pour nous ouvrir les yeux sur l’injustice que vivent ces banlieues oubliées par l‘état.
La deuxième « Mon Clichy à moi c’est ça » mis en scène par François HEBEL, directeur artistique des rencontres d’Arles, a été faite par les habitants en réunissant plus de 300 photos personnelles à chacun de la vie de Clichy depuis trente ans. Dans une salle, une vingtaine d’albums sur des tables basses à hauteur d’enfant, nous obligent à nous assoir et prendre le temps de les visionner.
Tandis que la troisième exposition trône dans toute la ville, dans les espaces publics, sur les façades d’immeubles et sur les lampadaires afin que tous les habitants puissent profiter de la démarche « Clichy sans Cliché ».
Elle contient des photos bien sur, mais surtout des mots recueillis par les photographes eux même ou des citations extraites des cahiers de doléances, réunis par le collectif A.C.L.E.F.E.U.
« Clichy sans Cliché » est une très belle initiative, une exposition chargée d’émotion, qui accroche le regard dés la première photo à la dernière, et quand c’est fini, on en redemande encore…
Néanmoins nous savons que la banlieue a été mise de coté par les dirigeants de ce pays, donc n’attendons plus un drame ou des émeutes, pour changer les choses et dévoiler au monde, ce monde qui nous a montré du doigt, que la banlieue se n’est pas si terrible…
Elle puise au fond d’elle des trésors, des artistes, des personnes de différentes ethnies qui se battent pour elle, qui la défendent. Des personnes qui travaillent pour elle et qui ne cesseront d’acclamer haut et fort, qu’ils l’aiment cette banlieue.
C’est la raison pour laquelle nos villes méritent un meilleur regard, une meilleure image, je dirai même une belle image d‘elles.
Clichy-sous-bois a ouvert le bal, à nous d’entrer dans la danse… et de changer les choses pour que tout ce qui a déjà été fait ne soit pas éphémère.
Wafaa el Yazid.
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