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Bienvenue à Paris, la capitale la plus convoitée au monde par les touristes.
Les murs de l'Hôtel de Ville de Paris, héritage de luxe, de raffinement et d'ordre, accueillent l'exposition de photos engagées : DIGNITE droits humains et pauvreté.
Le porte-parole du collectif de photographes- auteurs à d'ailleurs pointé le décalage presque affligeant entre ce somptueux décor et le thème accablant de l'exposition qui sonne comme un avant goût de misère de rudesse et de cahot.
Les lumières de la mairie de Paris sont tournées vers ces images bouleversantes et belles à la fois.
Les chaleurs de tous les coeurs présents n'ont dès lors d'autres choix dignes que de se consacrer à ses histoires.
Mexique, Égypte, Macédoine, Nigeria et Inde sont les destinations de ce voyage photographique dédié à la dignité sur fond de droits humains bafoués et pauvreté_extrême.
L’oeil du photographe est généreux puisque ou que le regard le pose, le cœur_implose.
Guillaume HERBAUT photographie les mexicains (survivants) et les mexicaines violées ou veuves comme la femme en rouge et noir qui semble bercer tristement le souvenir de son mari assassiné. Le meurtre est la première cause de mortalité au Mexique. Nous sommes bien en 2010.
En Macédoine, Jean François JOLY immortalise le peuple Rom, cette minorité culturelle qui n'est pas administrativement enregistrée donc légalement inexistante. Ainsi à 33 ans, séparée de son compagnon infidèle et violent cette Rom ne reçoit aucune aide sociale pour ses 2 enfants qui attendent d'être enregistrés pour avoir enfin une existence légale et prétendre aux droits sociaux.
Nous sommes au 21ème siècle.
Johann ROUSSELOT apporte un témoignage poignant de l'Inde. Malade de la tuberculose, le jeune indien issu d'une caste méprisée dans certains de leurs droits. Il vivra la chance de consulter un médecin. Il y a 10 ans que nous sommes entrés dans le 3ème millénaire.
Inattendues, choquantes, émouvantes ; ces successions de photos font défiler dans un désordre presque familier à notre oeil, des émotions que le soleil parisien avait su endormir.
Au-delà de ces histoires inconcevables dans nos sociétés hyperindustrialisées, il y a la force des photos.
Pas de mise en scène ni trucages, les personnages comme leurs expressions sont authentiques.
Après le miracle de celui qui marchait sur l'eau, Michel ZUMSTEIN immortalise celui qui flottait droit comme un "i" sur les inondations. Son "truc" : il vit dans un bidonville au Nigeria, quasi inaccessible au secours.
Le brassage subtil des couleurs ou le délicat contraste du noir et blanc, les tons et les formes ; révèlent une harmonie qui appelle à la raison...
Amnesty international France aussi lance un appel à la raison.
Cette ONG mondialement connue sollicite notre soutien, le mien, le votre, celui du voisin à travers la signature d'une pétition.
Parmi les mille et une causes humanitaires que nos sociétés dites civilisées produisent, celle de l'Inde est mise en lumière.
Là-bas au pays des vaches sacrées des promoteurs de connivence avec le gouvernement, savourent une victoire dont les conséquences bouleverseront ad vitam eternam le quotidien misérable de ses familles victimes.
Alors, dignement, je signe cette pétition qui pourrait ramener ces grands décideurs fous à la raison.
Je sors étourdie par cette ribambelle de photos. Je réalise soudain que le luxe parisien s'est effacé de mon esprit tant l’exposition.
J’en prends conscience lorsqu'une jeune et jolie femme se plaint téléphone portable en main d'avoir été la victime désarmée d'un horrible saccage de sa chevelure c'est une anecdote qui me rappelle combien l'écart de niveau de vie est incommensurable et infiniment indigne.
Il n'y a rien de plus précieux dans la vie que la dignité de l'être humain.
Klara TOURE
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