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Exposition du 21 octobre 2008 au 04 janvier 2009
au Jeu de Paume - 1, place de la Concorde - 75008 Paris
Dans le cadre du « Mois de la Photo «, le Jeu de Paume présente une exposition exceptionnelle de la photographe et modèle Lee Miller.
On peut rester sur sa faim en regrettant qu’il n’y ait pas plus d’images ou ironiser comme le fait le site « photographie.com « en parlant de Lee..mineure, mais c’est sans conteste la plus grande exposition consacrée à cette artiste en France.
Il y a quelques années, l’Espace Photographique de Paris – aujourd’hui disparu - situé au Forum des Halles nous avait fait découvrir quelques clichés de cette femme libérée avant l’heure et que paradoxalement aucune féministe ne porte au pinacle !
Selon Lee Miller « Les femmes ont plus de chance de réussir dans la photo car elles ont l’habitude d’être regardées »
Propos étonnant d’une des plus jolies femmes de son époque et qui aurait pu sans peine être une actrice d’Hollywood semblable à celles qu’elle a photographiées.
Cette rétrospective organisée par le Victoria and Albert Museum présente les multiples facettes de Lee Miller qui à défaut d’avoir été actrice fut tour à tour mannequin, modèle, égérie des surréalistes, compagne et assistante de Man Ray et enfin photographe.
De très beaux tirages originaux – vintages - parsèment l’exposition qui fut présentée il y a peu en Angleterre.
Cette exposition est déclinée en plusieurs thèmes.
Lee Miller mannequin, Lee Miller et Paris, Lee Miller à New York, Lee Miller et l’Egypte et enfin et surtout ses photographies des camps de la mort où elle fut la première photographe à immortaliser l’horreur nazie.
On dit que c’est ayant posé pour Edward Steichen que Lee Miller voulut être photographe.
Sans doute mais son rapport à la photographie date de ses plus jeunes années lorsque son père, photographe amateur aux rapports pour le moins ambigus avec sa fille la fit souvent poser nue alors qu’elle n’était encore qu’une jeune adolescente !
Mannequin vedette chez Vogue, Elisabeth Miller avait posé dès 1927 pour les plus grands noms de la photographie de mode comme Edward Steichen, Man Ray, Horst P Horst, Hoyningen Huene.
Lee Miller rencontre en 1929 Man Ray, un des chantres du surréalisme, découvre Paris et son art de vivre …et la solarisation.
Images que l’on retrouve par ailleurs dans cette grande exposition.
En 1932, Lee part à New York et déclare qu’elle préfère prendre une photo plutôt qu’en être une !
Déclaration volontariste qu’une femme qui savait s’imposer dans un monde d’hommes qu’est la photographie !
Elle ouvrit un studio qui eut beaucoup de succès puisqu’elle travailla avec ceux qui faisaient la réputation du New York chic.
Saks de la cinquième avenue, Helena Rubinstein, Elisabeth Arden, etc.
En 1934, elle épouse un magnat égyptien, délaisse un peu la photographie et prend des clichés anecdotiques de la Terre des pharaons.
En 1937, Lee Miller revient à Paris et renoue avec l’avant-garde parisienne – Man Ray bien sûr mais aussi Max Ernst, Dora Moor, Picasso – ce qui a pour effet de ranimer son imagination et sa créativité.
La guerre arrive et Lee s’installe en Angleterre avec son second mari, Roland Penrose rencontré à Paris.
Malgré la vie difficile à cause de la guerre, malgré le Blitz où l’aviation allemande bombarda Londres sans discontinuer durant près de dix mois, Lee Miller continua à travailler pour Vogue tout en faisant ses photos de mode et ses portraits !
Attitude surréaliste s’il en est dans un tel contexte !
Pour preuve la photo de l’affiche de l’exposition où deux jeunes femmes portent des masques à incendie et n’en gardent pas moins leur féminité !
Autre cliché étonnant que ce modèle en bicyclette devant la Tour Eiffel dans un Paris à peine libéré !
Elégance de la femme française mondialement connue en dépit des heures sombres.
Accréditée par le magazine de …mode, Vogue, Lee Miller sera aux côtés de l’US Army pour couvrir la libération de Paris, la chute du III Reich et surtout la libération des camps nazis.
Elle fut la première à photographier ces camps de l’horreur.
Retenons avant tout de cette exposition – une des expositions majeures du mois de la Photo – que Lee Miller était une femme libre avant l’heure, une avant gardiste et une aventurière de tous les instants et que chacune de ses photographies, qu’elle soit dramatique ou légère, est empreinte de son imagination marquée de sa rencontre avec les surréalistes.
Un livre dont l'édition française est publiée chez Hazan, accompagne l’exposition.
Cette exposition reçoit le soutien de Terra Foundation for American Art, Chicago.
En partenariat avec l'Ambassade des États-Unis d'Amérique,
A Nous Paris, Arte, Le Figaroscope, Vogue, vogue.com et FIP.
Martial Beauville.
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