On commence à entendre à droite à gauche que l’argentique n’a plus que cinq ans de vie devant lui.. En fait, jusqu’à ce que le numérique s’impose dans les pays en voie de développement où l’argentique est encore largement utilisé par les photographes locaux. Certains photographes professionnels utilisant encore du noir et blanc en argentique se résignent même à admettre qu’il va bientôt falloir découvrir les « joies » du numérique malgré les rendus quelque peu déroutant dans certain cas..
Mais comment cela peut-il être autrement quand on peut voir que le prix d’une pellicule noir et blanc est d’environ 4 euros ?
Si on regarde le marché, ce n’est pas une question de matériel. Bien que certaines grandes marques comme Nikon aient presque complètement abandonné l’argentique en dehors de quelques modèles professionnels à 2000€, le marché de l’occasion est plutôt bien fourni en boîtier et en optique.
Boîtiers qui d’ailleurs sont extrêmement robustes. Quelle joie de trouver à prix abordable quelques Nikon FM, FM2, FM3A Canon A-1 et autres mythes sur le boulevard Beaumarchais à prix ABORDABLE !
Mais revenons à nos satanées pellicules… Plus de 4 euros la pellicule ?
J’ai acheté un Nikon FM d’occasion récemment avec lequel j’ai fait plus d’une cinquantaine de films noir et blanc et une quinzaine de films inversible..
On fait le calcul ? 4,50 € + 15 ? 10 € = 350 Euros.. en moins de six mois.
On rajoute à cela le développement, on arrive a 10 euros facilement par film pour de la couleur. Un peu moins pour du noir et blanc. Mais pourquoi à l’heure où le numérique prend de l’ampleur par rapport à l’argentique on transforme l’argentique en activité d’élite plutôt que de baisser les tarifs pour rendre l’argentique plus universel et lui donner la possibilité de concurrencer le numérique avec la qualité en prime ?
En tant qu’étudiant, je n’ai pas les moyens de payer 4 euros pour 36 poses quand mon reflex numérique en fait 800 pour une charge de batterie (soit moins de 4 euros…). Le photographe amateur salarié, accablé par le coup de la vie, n’a pas non plus les moyens de payer ses pellicules, de les faire développer et tirer s’ il ne peut pas accéder à un labo.
Il ne reste que les professionnels ou quelques amateurs éclairés et fortunés.
Alors, Messieurs de chez Kodak, Fujifilm ou Ilford qu’attendez vous pour trouver un moyen de démocratiser l’argentique ? Trouvez un moyen de réduire le coût de vos pellicules (sans pour autant licencier) ! Re-dèmocratiser l’argentique..
Redonnez nous le plaisir de la chambre noire, des agrandisseurs et autres plaisirs qui font de l’argentique une sensation unique avec lesquelles de nombreuses marques mortes aujourd’hui à cause de l’abandon de l’argentique, argentique qui nous a tant fait vibrer.
  
Julien AKIF

Trésorier adjoint au Club des Belles Images de Sarcelles.
Ancien étudiant en photographie à l’école ICART.

Ce texte a été publié dans le magazine Reponses Photo à l’occasion de son quinzième anniversaire en avril dernier.