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Les Promenades Photographiques de Vendôme nous invitent dans cette ville du Val de Loire, entre Chartres et Tours, à 45 minutes de TGV de la Gare Montparnasse. Cette 6e édition réunit 20 expositions, toutes en centre ville et gratuites ; gratuit aussi le beau catalogue format A5 de 20 pages qui documente les 9 lieux et les 30 partenaires. L’association Promenades Photographiques assure l’accueil du public pendant les 3 mois d’exposition (du 18 juin au 19 septembre) avec sa trentaine de bénévoles, bravo à eux.
La programmation 2010 est centrée sur l’urgence écologique notamment avec Hans Silvester. L’homme des chevaux camarguais, des chats des îles grecques et des peuples de l’Omo, celui qui dit volontiers ne rien connaître à la technique, nous montre les paysages dévastés par les décharges, la déforestation ou les pollutions. Les vues
aériennes sont très démonstratives, par exemple, d’amoncellements grands comme des collines d’excédents agricoles jetés. La composante naturelle des misères du monde, séismes, sécheresses, tempêtes, est aussi documentée par l’expo Reuters – Au fil de la Terre, Actualités 2009-2010. Plus poétique, Jacques Borgetto nous emmène dans les salines d’Atacama et dans la pampa, en Argentine, avec un
noir et blanc charbonneux et contrasté. Noir et blanc aussi, mais granuleux pour de sombres rivages de la mer Baltique proposés par Klavdij Sluban. Même tristesse avec Alexey Titarenko qui, avec le format carré de l’Hasselblad et la pose longue, floute les personnages d’autant qu’ils gesticulent, comme si l’impassibilité seule méritait de figurer avec netteté sur le tirage.
Lucie & Simon (nés respectivement en 1981 et 1986) exposent Scènes de vie, extrait coloré à souhait, de la série lauréate du HSBC 2010 : Vertiges du quotidien. Vertige, effectivement, puisque l’appareil grâce à un trépied et des contrepoids de leur fabrication est strictement centré au dessus de la scène, offrant un point de vue radicalement plongeant. Effet
d’inventaire et d’indiscrétion quand on plonge dans la chambre, ressenti de vide et solitude pour un personnage allongé sur une étendue herbeuse. Les auteurs composent avec application leur image, afin de transcender le simple artifice technique de la prise de vue.
Connue pour sa série sur la Mongolie, Sophie Zénon vise le Cambodge avec son appareil-jouet (c’est son expression). Cette foto povera, floue au grain épais, exige une forte dose
d’empathie pour suivre l’auteur dans un cheminement qui est à la limite de la photographie.
Tirages noir-et-blanc traités par l’auteur, Hiroshi Watanabe présente des portraits de singes de théatre, costumés. Le regard simiesque est fascinant, mais l’habillement de ces
singes n’est-il pas affligeant ? L’animal est-il un jouet ?
Parmi les autres expositions, nous avons retenu Sébastien Sindeu avec sa documentation quasi géographique de 4 détroits européens Calais, Bosphore, Öresund et Gibraltar. Les intervenants, marins et migrants sont représentés précisément, les cadrages sont subtils, la lumière bien choisie, légèrement désaturée. Il s’agit de témoigner d’un sujet lourd, lourd des quelques 20 000 migrants morts depuis 20 ans aux portes de l’Europe.
La photographie de reportage est puissante à montrer les misères du monde. Cette programmation 2010 est pertinente vue la nécessité de prendre pleinement conscience du triste état de la planète.
http://www.promenadesphotographiques.com/ rend compte précisement de la manifestation.
Michel PONTET
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