Parmi les 60 expositions de ces 40° rencontres que retenir ?
Plutôt que 40 ans de rupture on est encore frappé par l'éclectisme des expositions présentées.
Du dernier humaniste connu encore vivant (99 ans), Willy Ronis, au paysage d'Adrien Missika, de l'éditeur Robert Delpire (83 ans) à la production en forme de bande dessinée de Duane Michals.
Les expositions les plus marquantes sont :
L'herbier constitué par Robert Delpire mélangé avec les oeuvres de Sarah Moon son épouse. Un moment très beau et très poétique. Cette exposition fait partie de l’ensemble de la rétrospective « Delpire & Cie » qui sera visible à la MEP du 28 octobre au 24 janvier.
Le choix de J.C.Lemagny dans le fond contemporain de la BNF, à visiter avec lui pour l'explication de texte de la photographie « plasticienne ».
Le choix de Marta Gili dans l'oeuvre de Willy Ronis, présent au vernissage à 99 ans.
Les travaux récents, images superposées de l'académicien Lucien Clergue qui a mis en sandwich des tableaux religieux avec des femmes nues ou des taureaux (nus également…). Grands tirages couleur réalisés à partir de double exposition de films négatifs.
Jean Christian Bourcart qui a photographié les automobilistes prisonniers de leurs véhicules dans les embouteillages. Des photos qui témoignent de l’isolement de notre modernité.
Les superbes images en N&B de la troublante Giorga Fioro sur les hommes en rituel religieux à travers le monde, réalisées dans 30 pays.
Découverte de Léon Herschtritt, photographe humaniste peu connu, né en 1936, sélection de Bernard Perrine pour le prix découverte. Bernard Perrine, directeur des Rencontres en 1977, aujourd’hui rédacteur en chef de feu le magazine « Le Photographe », amoureux de la photographie de qualité qui déclare : « Aujourd’hui l’image n’attire plus par sa qualité mais par son sujet et sa signification. » A méditer…
Rimaldas Viksraitis, prix Découverte 2009, présenté par Martin Parr, qui photographie en N&B la vie un peu folle de la campagne Lituanienne ;
Autres photographes connus, exposés cette année :
Martin Parr qui après les classes moyennes a photographié les moeurs sociales des riches avec la série "Luxury" ;

Eugène Richards qui revient à Arles, pour la première fois en couleurs, avec les fermes abandonnées aux USA ;
Une exposition étonnante de René Burri prise à New York le 11 septembre 1965 lors de la panne d'électricité. Expo originale dans le noir que l'on visite avec une lampe de poche.
Je ne parlerai pas de Nan Goldin, femme aux moeurs dépravées qui a toujours fait des photos médiocres de sa vie qui aurait du rester privée.
Pour finir, une exposition historique pour ne pas oublier « Without sanctuary » : des photos montrant le lynchage public des noirs américains.
Entre 1890 et 1930, 3436 hommes noirs ont été torturés, pendus, brûlés
publiquement avec une publicité diffusée souvent par cartes postales.

En ces temps de crise un mot sur les sponsors des rencontres. Certains ont jeté l'éponge comme Sony et HP, d'autres s'accrochent comme Leica et Olympus. Des nouveaux montent en puissance comme SFR qui communique beaucoup et EPSON qui avec la Digigraphie joue la carte de la qualité des tirages.
En bonus, les définitions des différents typologies de photographie par Jean Claude Lemagny, données lors de la visite commentée de son exposition « Tout ce qui est à voir est ce que vous voyez », exposition faite d’une sélection des acquisitions récentes de la BNF.

« La photographie, comme tout art, est faite de matière et de lumière. »
Il distingue trois sortes de photographies :
« -La Photographie de rencontre :
La photographie est un art de la rencontre.
C’est la rencontre entre la réalité et la vie intérieure du photographe.
Elle consiste à saisir l’instant, ou le photographe rencontrera une image longuement méditée.
« Lorsque je saurais la photographie que je veux faire, je prendrai mon appareil et je la ferais. »
Edouard Boubat se promenant dans la campagne disait : « J’attends que la photo se fasse. »
-La Photographie fabriquée :
Elle est mise en scène.
Le photographe projette sa vision dans la réalité, fait une mise en scène et la fixe en la photographiant.
-La Photographie orthogonale :
C’est une tendance actuelle. Elle fixe la pure représentation d’un objet, dans sa stature. »

Claude Chansard

Expositions visibles à Arles jusqu’au 13 septembre
www.rencontres-arles.com