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Sage. Assurément sage aux dires de certains, la douzième édition de la foire PARIS PHOTO en a fini avec les provocations du début où il fallait tout faire pour attirer l’attention !
A moins que les invités de cette année, « la scène arabe et iranienne à l’honneur » ont amené quelques galeries à plus de retenue !
Une chose est certaine, la galeriste Agathe Gaillard précurtrice du salon aux côtés de Rik Gadella, « inventeur du salon « en 1998 s’insurge sur le site « Photographie.com «que l’on veuille tout régenter par des directives et que Paris Photo ait perdu de sa magie ».
D’après l’élégante galeriste, « on se serait cru dans un grand magasin où tout semble compartimenté »
Le fait positif est que cela a permis de prendre plus le temps de regarder les photos exposées.
Hormis ce couac les présences des photographies arabe et iranienne font forcément débat puisque la représentation de l’image est interdite dans l’islam.
S’agit il en fait du prophète Mahomet seulement ?
Des miniatures persanes représentant le prophète existent et comme l’indique l’Arab image Foundation l’image n’est point interdit dans la civilisation arabe.
Cette fondation présente dans l’exposition centrale des images d’archives qu’elle a collectées dans tout le monde arabe et sa diaspora.
Photographies historiques comme ce magnifique cliché pris en 1870 d’une scène familiale au Caire.
Rappelons que la photographie est présente en Orient depuis 1840 !
D’autres sont plus audacieuses et créatives comme cet autoportrait de Van Leo, d’Alban ou de Hadi Abdel Sahed el Diwani où l’influence du surréalisme est plus que prégnante !
Pas de grande surprise hormis la galerie Baudoin Lebon qui a fait preuve de photos moins attendues avec le travail par exemple de Martin Becka et de ses transmutations de Dubaï – avant la récente crise que l’on sait ! – en allant poser sa chambre photographique à la manière d’un Gustave Le Gray captant le temps dans cette cité bouillonnante du luxe – mais ne montrant nullement cet aspect – donnant à ces images l’aspect d’une ville dont l’architecture et l’urbanisme semblent avoir été arrêtées par le temps !
Le magazine Eyemazing Dubai présent à Paris Photo nous invite à une vision prolixe de la photographie d’avant-garde arabe même si la photographie n’a pas encore trouvé prise là bas ni un public par ailleurs !
Gustave Le Gray bien présent avec ses vues d’Egypte prises au 19ème siècle, en 1862 nous a-t-on dit et exposées à cette même galerie !
Yves Gellie nous montre la société irakienne sous embargo – avant la guerre de 2003 –
Une vision chromatique et esthétique loin des photos de reportage de Hiem Lam Duc sous le régime de Saddam !
Hormis la scène arabo-iranienne notre intérêt s’est porté sur quelques galeries dont la « Foil Gallery « de Tokyo avec les travaux de Syion Kajii et de Yoichi Nagano avec leurs images d’hommes de fleurs et de lumière !
Chez la dynamique Esther Woerdehoff une intéressante Brigitte Bauer tout en iconographie.
A noter que la jeune photographe néerlandaise Karin Kabebeeke a remporté la 6ème édition du prix BMW avec une photo de sa série « Bend it like Beckham – titre inspiré du film avec les deux surprenantes Keira Knightley et surtout l’anglo indienne Parminda Nagra jeune fille passionnée de football contre l’avis de sa communauté qui trouve cela contre nature !
La photo victorieuse est une photo d’une jeune fille de l’équipe féminine afghane de football !
Encore une photo qui va faire grincer des dents nos sympathiques amis talibans !
But the real story is not about us, but about Khadija, the girl in the photograph, who is in training as member of the first Afghan women soccer team
La galerie Magnum a inauguré en ce mois de novembre 2009 sa galerie dans l’espace où Robert Delpire, homme aux multiples talents et grand éditeur – les Américains de Robert Frank - exhalait sa passion des livres photographiques, bref Magnum présentait le célèbre photographe iranien Abbas mais aussi cette image inquiétante de Jean Gaumy où des femmes en tchador s’essayent au tir non loin de Téhéran !
Ah oui, la photographie iranienne – mais aussi l’art en général - s’est libéralisée avec l’arrivée de Mohammad Khatami à la présidence entre 1997 et 2005 mais aujourd’hui avec Mahmoud Amadinejab, elle peine à exister avec la censure.
La répression féroce de ce dernier qui n’autorise aucun manifestant à photographier quoi que ce soit est une preuve probante du resserrement de vis de ce régime.
C’est pour avoir transmis par ailleurs des photos de manifestations que la française Clotilde Reiss est retenue en Iran depuis plusieurs mois !
A la galerie Stevenson du Cap, le photographe sud africain Pieter Hugo nous projette un coup de poing dans la figure et nous met mal à l’aise avec ses hommes hyènes !
Sanglant !
La Torch Gallery d’ Amsterdam nous enchante avec notre chouchou Ellen Koii mais nous avons aussi vu des jolies images de Loretta Lux et ses portraits «surréels » d’enfants semblant tout droit sortis d’un film de science fiction.
Nous avons découvert cette photographe allemande dans une galerie américaine la Yossi Milo Gallery ici même à Paris Photo il y a deux ans de cela.
Cette édition 2009 a été un succès en nombre de visiteurs mais les ventes ont été contrastées pour beaucoup de galeries.
En demi teinte pour certaines ou ayant eu un franc succès comme Françoise Paviot qui a vendu un autoportrait vintage de Man Ray à 60 000 € ou la galerie Lumière des Roses à Montreuil qui a doublé son chiffre d’affaires de 2008.
Le record revient toutefois à la galerie Robert Klein de New York qui a vendu un Irving Penn de 1951 à 265 000 €
Le récent décès de ce dernier a sans doute fait envoler les prix !
La photographie iranienne a fait bonne figure d’après le Monde et malgré la censure vécue – les galeries iraniennes doivent soumettre les œuvres à un comité avant de les exposer - dans leur pays, leur côte est de plus en plus grande sur le marché international affirme le quotidien de référence.
Parallèlement à cette foire, la galerie Polka expose jusqu’au 7 février des vintages de Marc Riboud « en route pour l’Orient » après nous avoir invité à des chroniques orientales en novembre dernier.
A l’extérieur de Paris Photo pendant que les supporters algériens fêtaient sans retenue la victoire de leur pays sur l’Egypte à la Coupe du monde de football, Thierry Henry qualifiait sans problème la France à la Coupe du monde de …handball !
A l’entrée de la grande foire photographique, un photographe du quartier de la République, Fabien Breuvart s’essayait à un happening en distribuant ses photos ratées de gens simples et anonymes à une foule de jeunes branchés et de bobos qui eurent l’air de se satisfaire de ce mob flash tout parisien !
Martial Beauville
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