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  article 4- VISA POUR L’IMAGE.
 
 
 
 
 
 

            

article 4- VISA POUR L’IMAGE.
   

A l’heure où le festival du photojournalisme battait son plein à Perpignan, la capitale était en proie à une répétition de drames. Des hôtels insalubres brûlaient à Paris et des familles africaines entières périssaient dans les flammes.
Malheureusement, cette actualité risque de ne jamais se retrouver sur les cimaises de Visa pour l’Image, non pas que Jean François Leroy et son équipe soient indifférents à ces tragédies, mais en France, la loi est si tatillone – merci Mme Guigou ! - qu’il devient presque impossible de photographier sans risquer un procès !
Alors à Perpignan, on montre le travail de Claude Dityvon et ses images de la France des années 1970.
Clichés où exigence et qualité sont de rigueur. Un témoignage sur le monde du travail à l’apogée des Trente Glorieuses.
Moissons en Corrèze, marins sur un chalutier ou grève des travailleurs de Lip.
Connu surtout pour ses photos de mai 1968, Claude Dityvon avec sa photographie sait pourtant prendre de la distance avec l’événement.
Jean François Leroy n’écrivait il pas à son propos en 1988 – vingt ans après les fameux évènements – que Dityvon garde cette distance comme un sceau, une marque de fabrique refusant tout effet et souhaitant que les gens entrent dans son sujet.
1968, une époque où poésie et photojournalisme n’étaient pas antinomiques.
Hormis Dityvon, les reportages sur l’Hexagone ne sont pas légion.
Alors, on découvre depuis dix sept ans, année après année l’état du monde et Visa pour l’Image est ainsi au chevet de ce monde qui déraille.
Guerres sans fin en Irak, en Tchéchénie, en Palestine.
Misère de l’Afrique et détresse de ses ressortissants qui viennent chercher une vie meilleure en Europe.
C’est loin d’être le cas lorsque l’on voit par exemple ces images de Juan Medina.
Ce photographe qui a reçu le prix Care avec son travail sur les immigrations clandestines aux iles Canaries nous assène un coup de poing en pleine figure avec ces cadavres échoués sur les rochers ou des clichés de rares survivants tremblotants dans des couvertures de survie.
Des clandestins qui tentent de fuir la pauvreté, la violence et la corruption malheureusement inhérentes à l’Afrique.
L’Europe avec la colonisation, l’esclavage, les guerres a pris durant cinq siècles à l’Afrique son sang et sa terre.
Beaucoup d’Africains pensent à tort que l’Europe sera leur nouvel Eldorado et c’est souvent loin d’être le cas lorsque l’on voit les drames précités.
A défaut d’Eldorado, l’Europe devient leur dernière demeure.
De la colonisation au sanglot de l’homme blanc, pour parodier Pascal Bruckner, passant d’un extrême à l’autre, l’attitude compasionnelle est de circonstance lorsque certains évoquent et parlent de l’Afrique.
Il n’est pas certain que les Africains acceptent cette image misérabiliste que véhicule le politiquement correct !
Les images de Marcus Bleasdale révèlent pourtant qu’il n’est nul besoin de la présence tutélaire d’occidentaux pour qu’un peuple souffre.
Dans la république démocratique du Congo, singulièrement un des pays les plus riches d’Afrique, une poignée de rebelles contrôle les régions riches en minéraux pour leur seul profit
Au détriment de la population congolaise qu meurt et souffre dans l’indifférence.
Minéral toujours avec le travail de Kadir Van Lohuzen, où ce dernier à travers des photos dans trois pays a mis en image le cheminement du diamant, de son extraction aux clients des grands joailliers.
On voit ainsi au cours d’une fête à Londres, des vieilles rombières bavarder et rire sur des diamants posés sur le corps d’une jeune femme nue.
La guerre d’Irak, qui depuis son déclenchement en 2003 par Bush, est présente chaque année à Perpignan.
Cependant, nous ne retiendrons pas les images de sang et de souffrances qui jalonnent malheureusement ce pays.
D’autres photographies se suffisent à elles même.
ll est souvent très difficile et dangereux pour les journalistes occidentaux de travailler dans
l’ancienne Mésopotamie.
On ne se rappelle que trop bien les prises d’otages et les exécutions de ces mêmes otages par le sinistre Al Zarkoui, fer de lance d’Al Qaida en Irak.
C’est pourquoi beaucoup de photographes sont embedded, c’est à dire incorporés à l’armée américaine.
Cela donne des clichés insolites comme cette photo de Mauricio Lima où on voit un GI ‘s - government issue – armé jusqu’aux dents devant un décor des plus paisibles.
La jeune – et jolie – Lynsey Addario, elle s’est attachée à couvrir le traitement médical des soldats américains blessés en Irak.
D’Irak en Allemagne pour finir aux Etats Unis, on reste impressionné par la débauche de la technologie médicale américaine, même au sein d’un avion gros porteur.
Si un grand nombre est blessé, près de deux mille soldats américains sont morts en Irak, chiffre «  minime «  si on le compare au décompte macabre des morts irakiens depuis le début du conflit.
Plus de 25 000 dans la seule population civile.
Paul Fusco de l’agence Magnum lui, a précisément photographié ces morts américains.
Pas d’images de cadavres, car dans la déontologie journalistique américaine, on ne montre pas des cadavres américains.
On se rappelle ainsi que l’on ne vit aucune image de victimes du 11 septembre.
On peut montrer des vietnamiens, irakiens, africains morts, mais lorsqu’il s’agit des ressortissants de l’oncle Sam, c’est le black out total.
L’Amérique a une vision optimiste d’elle-même.
Il ne s’agit pas de démoraliser la population et pourtant Paul Fusco a photographié les enterrements de ces soldats américains.
Voir la détresse des familles qui accompagnent leur fils, leur frère, leur mari pour leur dernier voyage est sans doute plus poignant que de montrer des photos de cadavres.
Ces images feront peut être plus contre l’intervention américaine que les sit in controversés d’une Cindy Sheehan, mère d’un soldat mort, campant devant le ranch de Bush !
Les militaires l’ont bien compris puisque partout Paul Fusco ne fut pas le bienvenu !
Lorsque l’on voit la consonance hispanique des noms des soldats morts, on se dit que cette minorité paie bien cher le droit de devenir citoyens américains.
Pas ou peu de fils de sénateurs américains en Irak. Sénateurs wasp * s’entend !
En dernier lieu, un hommage à Eddie Adams, récemment disparu.
Il est frappant de voir comment le cadrage des images dans les années 1970 était différent. Plan serré comme cette photo de Jackie Kennedy aux obsèques de JFK en 1963.
On reste cependant confondu de malaise devant cette fameuse photo où un officier de la police sud vietnamienne abat à bout portant un Vietcong.
Malaise devant la brutalité de cette image bien sûr, mais malaise de savoir que cette photo fut faussement attribuée à Eddie Adams, car le véritable auteur étant un photographe vietnamien, il ne fallait surtout pas que celui ci subisse des représailles de la part des autorités saigonaises.
Ce n’est pas salir la mémoire d’Eddie Adams que de dire cela, car ses autres images étant au demeurant fort superbes.

Elles sont le révélateur d’une époque où le reportage était béni et non honni.
Visa 2005 est semblable aux précédentes éditions.
Un très bon cru et on souhaite longue vie à ce festival qui ose montrer l’état du monde qu’occulte malheureusement de nombreux magazines au profit de l’actualité people.


Martial BEAUVILLE.

Wasp White Anglo Saxon Protestant.
Sans remonter jusqu’au Mayflower, les WASP sont les descendants des premiers Blancs établis en Amérique au XVIII ° siècle.

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