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2007 restera à nouveau comme un bon cru.
Cette année pas de directeur artistique invité. C’est François Hebel, directeur des Rencontres d’Arles depuis 2002, qui assume la programmation de la cinquantaine d’expositions. Deux pays invités, et pas les moindres : la Chine et l’Inde.
La Chine est présente à travers des artistes que l’on qualifierait en France de plasticiens. La photographie de reportage par des Chinois, plus engagée, existe sans doute mais n’est pas encore montrée. Il y a une évolution depuis 2003 où nous avions eu droit à la photographe officielle de Mao !
Cette année, ce sont les artistes plasticiens du quartier de Dashanzi à Pékin qui sont exposés.
Ces expositions sont en prise avec la modernité de leur pays : photographier les villes chinoises en plein changement, entre démolition et construction, installations à partir de moulage du corps de travailleur immigrés chinois.
La photographie Indienne est présente grâce à Alain Willaume, photographe et amoureux de l’Inde, il a réussi à dénicher des auteurs montrant la réalité indienne au-delà de l’imagerie des saris et des épices colorés.
C’est la vie des 300 millions d’Indiens vivants à l’européenne qui nous est montrée. C’est la modernité du pays à travers les photos contemporaines de la middle class qui sont exposées.
Anay Mann en une quinzaine de grands tirages, met en scène sa vie quotidienne avec sa femme et son fils, dans son « home » de Delhi. Des images très attachantes bien que figées, comme un constat froid du bonheur.
Nony et Dayanita Singh, la mère et la fille, exposent des photos qui ont trente ans d’écart. La première, collectionneuse et photographe amateur est la descendante nostalgique d’un maharadjah. Elle photographie ce qui l’entoure et en particulier sa fille aînée, Dayanita.
Celle-ci deviendra photographe. En 2003, ont été exposés aux Rencontres ses portraits de famille de la bourgeoisie Indienne qui montrent trois générations en sari et jeans, secouées par la mondialisation, mais sans rien perdre de leur identité. Cette année elle présente des images plus intimistes. Ces nouvelles photos montrent des chambres, des théâtres ou des usines désertes, mais imprégnées d’une présence humaine. Elle expose également les petits albums reliés de son père qui racontent chacun une histoire.
Et de nous, que restera-t- il de nos images numériques jetables d’aujourd’hui ?
A Arles cette année on peut voir aussi une exposition de Alberto Garcia Alix, présentée comme le plus grand photographe espagnol. Ce n’est pas flatteur pour les autres ! Artiste à la vie marginale, il fait des photos entre celles de Nan Goldin et de Bettina Reims. Ce sont des portraits de marginaux de tous poil, en Noir et Blanc. Des images volontiers provocantes de sexe en premier plan, pornographiques même. On peut regretter que l’information sur la nature des images, à l’entrée de l’exposition, dans l’église Sainte Anne,ne soit pas plus explicite pour les jeunes visiteurs.
Dans un autre style, l’agence Magnum, présente une exposition rétrospective pour ses 60 ans. Agence toujours autogérée, dont les membres sont cooptés, a survécu à toutes les évolutions du métier de reporter photographe. Ce n’est que du bonheur que de revoir les images historiques depuis celles du débarquement le 6 juin 1944 de Robert Capa jusqu’au tours effondrées du 11 septembre 2001, en passant par l’ouverture du mur de Berlin en 1989 par Raymond Depardon.
L’an prochain, un nouveau commissaire invité, fera sa programmation : Le couturier Christian Lacroix, arlésien d’origine. C’est la première fois que les rencontres prennent une personnalité en dehors du monde de la photographie. Espérons qu’elles n’y perdront pas leur âme au profit des sponsors.
Les expositions sont à voir jusqu’au 16 septembre.
Claude Chansard
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