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Nouvelles locales :
La 17° édition du festival Visa pour l’image se déroule en pleine polémique sur la « Septimanie ». Ce n’est pas une nouvelle épidémie dérivée d’une quelconque grippe aviaire mais la lubie du président de la région Languedoc Roussillon, Georges Frèche qui s’est mis en tête de la rebaptiser ainsi, du nom donné par les Wisigoths à cette région au VI° siècle. Mais la résistance s’organise, et les Catalans drapeaux rouge et jaune en tête pétitionnent.
A noter que le même Georges Frèche a supprimé les subventions de la région au festival VISA le considérant comme une « manifestation locale ».
Les affrontements de mai 2005 dans le quartier St Jacques entre les communautés gitanes et maghrébines ont fait deux morts dans la population arabe.
Une par lynchage et l’autre par balle. Ces affrontements ont fait l’objet d’un sujet lors des projections nocturnes. Mais pour voir des photos de cet événement parmi les 30 expositions, il n’y avait que la salle de l’Arsenal des Carmes où étaient exposés les sujets traités par les journaux quotidiens, en l’occurrence l’Indépendant, journal local, qui exposait 5 images sur ce sujet.
Polémique éditoriale :
La marchandisation de l’information avance encore un peu plus ses pions.
Le magazine Photo, partenaire de Visa depuis l’origine du festival, éditait à cette occasion une couverture reprise d’une exposition, pour l’édition locale. Mais pas cette année où une photo sexuellement vulgaire de Pamela Anderson, avec un dollar incrusté au niveau du sexe, illustre sa « une » sous le logo de VISA.
Autre mauvais goût éditorial, à l’intérieur une photo détachable pour une publicité du dernier téléphone NOKIA s’est retrouvée masquant en partie le torse brûlé d’un rescapé de la bombe atomique lancée sur Hiroshima ! Mauvais goût d’autant plus choquant que l’image publicitaire montre un homard grillé !
(Sur ce sujet voir le coup de gueule de Xavier Zimbardo sur ( http://www.photographie.com/?pubid=103189 )
Réflexions sur la profession :
Un colloque était organisé par l’agence MAGNUM : « La destinée du photojournalisme se trouve-t-elle dans les galeries ? »
C’est une vraie question, comme on dit, puisque l’on voit de plus en plus de reportages photos sur les cimaises :
Quelques exemples :
A Paris la galerie Fait et Cause expose des reportages sociaux.
Une part non négligeable des revenus de l’agence Magnum est faite par des expositions. Dernière en date, à aller voir au Centre Pompidou : « Les nouveaux paysages Européens » par les photographes de l’agence Magnum.
L’agence VU créée par Christian Caujolle, ancien responsable photo de Libération, a une part importante de son activité en galerie.
La question est de savoir si le but originel de l’image de reportage est servi par les galeries d’art. La réponse proposée est que le musée ne dessert la photo journalistique qu’à partir du moment où il est le commanditaire du reportage.
La réalité est qu’aujourd’hui si le photo reporter vend ses reportages aux galeries c’est parce que ses clients naturels, les journaux, les magazines, ne les achètent plus.
Sur la trentaine de reportages exposés à Perpignan, moins de la moitié ont été publiés. Le photo reportage people est en progression : Le fils caché du prince de Monaco, l’amant de la femme à Sarkozy où les péripéties du couple de Jean Pierre Pernaud intéressent malheureusement plus que la guerre en Tchétchénie.
Les expositions :
Beaucoup sont remarquables.
En premier : « Tchétchénie, 10 ans de guerre » par Heidi Bradner.
C’est le plus long, le moins visible, le plus oublié conflit d’Europe.
Après la déportation de ce peuple par Staline en 1944, c’est la seconde fois que l’on peut parler de « crime contre l’humanité » étant donné les campagnes de terreur, les disparitions massives et les déplacements massifs dont cette population a fait l’objet.
Mais les ogives nucléaires et le pétrole russe empêchent toute remarque qui serait jugée déplacée par M.Poutine.
Heidi Bradner, cette photographe américaine, couvre ce conflit depuis le début en 1994. Y retournant deux à, trois fois par an, elle s’est prise d’amitié pour ce peuple. Au-delà de l’indignation, la dureté des images montrées font passer une humanité rarement atteinte. Comme ce petit chat famélique se frottant contre la tête d’un cadavre.
Parmi les rétrospectives, celle consacrée à Claude Dityvon est particulièrement intéressante.
Reconnu par ses images des manifestations de mai 1968 dans le quartier latin à Paris, il fonda l’agence VIVA en 1972. Puis il s’est attaché à montrer l’univers du travail manuel, ,avec un cadrage a la géométrie soignée. De ses images passent un souffle de poésie. On redécouvre un monde paysan disparu, des ouvriers en prise avec la matière qu’ils travaillent, la France des années 70.
Claude.chansard@wanadoo.fr
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