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  article 1- Journal d’une jeune (photographe) dérangée
 
 
 
 
 
 

            

article 1- Journal d’une jeune (photographe) dérangée
   

Passionnée de cinéma, je me rends au festival du film américain de Deauville chaque année. En septembre, lors du dernier festival, dans l’un des grands hôtels où vont séjourner les stars américaines pendant les festivals, j’ai rencontré quelqu’un…

Flash back…

Avec une amie, je m’installe au bar et j’entame une discussion avec le jeune homme à ma gauche qui fait office de pilier depuis quelques heures. Il s’avère que le jeune homme avec qui nous discutons est un « fils de ». Scénariste à l’air désespéré, nous parlons de littérature… C’est alors qu’un homme, d’un certain âge, avance à notre hauteur. Il connaît le « fils de » et vient donc le saluer par politesse… Les présentations sont faites… Il repart… Plus tard, dans la soirée, il annonce qu’il s’en va en passant juste à nos côtés. Discrètement, il pose sa carte de visite sur ma cuisse gauche… Je reste surprise alors que le jeune homme l’est, quant à lui, beaucoup moins… Décidément, les hommes de pouvoir semblent avoir le monde à leur pieds… Cet homme ne m’aura pas… C’est certain…




Lundi 25 octobre, 19h, une avenue près des Champs Elysées. La porte de l’ascenseur s’ouvre directement dans son appartement. C’est la secrétaire (bonne à tout faire) qui m’ouvre et me reçoit. Ma curiosité est en grande partie comblée lorsque j’essaie de cerner le personnage en regardant les dizaines de photos, peintures, statues ornant la pièce dans laquelle je me trouve. Il arrive tout souriant. Charmant. Trop charmant. Il me prend la main tout en discutant. Il la caresse… Je suis un bloc de pierre. Je suis dégoûtée. Je lui demande s’il peut me proposer un travail… Résultat : il me propose un stage qui serait rémunéré au maximum 300 euros… C’est à ce moment même que je me dis que ce n’est pas en frappant à la porte des plus grandes fortunes de ce monde que j’arriverai à décrocher un travail. Plus ils sont riches, plus ils sont radins. Certes, j’admets que c’est trop facile de demander un travail comme ça alors qu’il ne me connaît pas professionnellement. Je vais donc rayer tout mon carnet d’adresses et faire du porte à porte dans les rédactions parisiennes. Avec mon book (lequel est en préparation actuellement), je présenterai mes photos. Peut-être qu’un jour, quelqu’un me passera une commande. Peut-être qu’un jour - en espérant que ce jour ne soit pas trop lointain car il faut bien (sur)vivre entre temps, quelqu’un aimera mon travail et voudra que je lui donne mon regard en échange d’un salaire… Oui, un salaire. J’oublie souvent que tout travail mérite salaire. A force de se donner, on finit par s’oublier. Oublier sa propre valeur. Voilà comment on finit par se retrouver dans un appartement d’un homme bourré de tunes. A l’extrême limite de perdre ma dignité !

Sophie Hay

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