Le directeur de la publication de Belles Images s’étant enfui aux iles Caymans après avoir blanchi notre trésorerie, il devenait impossible aux photographes de notre revue d’être accrédités en Allemagne pour immortaliser la Coupe du monde de football, événement interplanétaire par excellence.

Il ne nous restait plus qu’à mettre en image les supporters du ballon rond dans l’Hexagone.
Il y a quatre ans après l’élimination rapide des Bleus dès le premier tour, un écran géant à
L’Hotel de Ville était amplement suffisant.
Cette fois ci, les hommes de Domenech après un début des plus chaotiques contre la Suisse et la Corée se sont révélés plus offensifs.
Face à un engouement croissant de la part des Français il convenait de trouver les moyens adéquats pour satisfaire la demande du public.
Cette année, la Mairie de Paris avait installé un écran géant au stade Charlety et nous fûmes quelque peu étonnés d’assister à une semblable affluence et voir tant de gens vibrer pour un événement qui se déroulait à des milliers de kilomètres de là.
Qu’importe les fans eux étaient grimés comme si la coupe du Monde avait lieu à Charlety.


Un peu dingue de voir toutes ces personnes hurler de joie pour une manifestation virtuelle en quelque sorte.

Une accréditation en bonne et due forme nous permettait d’aller de ci de là et d’attirer les cris et les vivats des supporters à la seule vue de nos appareils photo.
Si la majorité des fans est fort heureusement de bonne composition et pose complaisamment pour les photographes, il faut se méfier comme d’une engeance des fauteurs de troubles qui «  squattent «  depuis un ou deux ans les manifestations publiques et festives.
Nous les avions dénoncé lors de notre dernier numéro car ces crétins venaient dans les manifs anti CPE pour casser du manifestant et du journaliste !
Cette fois ci, la nouvelle mode est de tirer des feux d’artifice dans la foule au risque de blesser grièvement des dizaines de personnes.
Mais là n’est pas leur problème puisqu’il se trouvera toujours un sociologue abruti qui les excusera et mettra cela sur le compte de la crise sociale.



Photographes, nous sommes des cibles potentielles pour cette vermine et dès qu’un mouvement de foule s’amorce, le mieux à faire est de «  planquer «  son matériel plutôt que de réussir la photo du siècle qui risque de nous côuter fort cher en ecchymoses.

Hormis cela, cette coupe du Monde ne restera pas dans les annales tant elle a été marquée par des relents racistes comme le comportement ignoble de ces supporters espagnols qui s’étaient mis à pousser des cris de bête à la vue des joueurs noirs de l’équipe de France.
Il faut dire qu’ils étaient déjà à bonne école avec un entraineur qui avait insulté Henry.



Nous ne reviendrons pas sur l’épisode Zinade Materrazzi, mais il est insupportable de constater d’un autre côté que beaucoup de supporters à travers l’Hexagone ou ailleurs se comportaient comme des crétins chauvins dès que nous osions dire que nos préférences étaient indifférentes alors qu’il suffit d’applaudir au beau jeu tout simplement.

Paradoxal de voir que parmi la foule de supporters qui brandissaient le drapeau français, il y avait beaucoup de jeunes de banlieue dont certains brûlaient des voitures
il y a six mois de cela !
Peut être que le sport réussit à fédérer là où depuis trente ans les diverses tentatives d’intégration ont échoué..
Une France black blanc beur que l’on a laissé de côté depuis la coupe du Monde 1998 et qui n’existe pas ou si peu en dehors du sport.
Fait nouveau, il y a aussi beaucoup de jeunes asiatiques qui soutiennent l’équipe de France, mais les tenants de l’intégration les ont oubliés à cause de l’allitération sans doute !



N’empêche que malgré tout cela, rien n’est plus satisfaisant que de photographier la foule, les gens dans leurs expressions de joie ou de dépit.

C’est l’Everest assuré pour les montées d’adrénaline..

Martial BEAUVILLE.