Il a neigé à Sarcelles ! La belle affaire ! Il a dû sans doute neiger aussi à Lille, à Guéret, en Corse et probablement dans les Alpes et les Pyrénées !
Cependant la neige à Sarcelles ou dans toute autre ville n’a franchement rien d’enthousiasmant. La neige est vite sale, les trottoirs glissants et voir la ville sous un épais manteau de neige est certes inhabituel depuis quelques hivers, mais cela n’a rien d’extraordinaire.
En revanche pour le photographe, si le paysage de Sarcelles n’a rien à voir avec celui d’une verte campagne ou un paysage de montagne, se promener un peu au-delà de la zone urbaine de Lochères permet de découvrir ou de redécouvrir Sarcelles sous un aspect inhabituel.
Pour celle ville au nord de Paris qui a vu il y a cinquante ans s’implanter le premier grand ensemble de France, l’urgence était de fournir un toit dans les années d’après guerre à une population plutôt mal lotie dans la capitale et de rémédier à la crise du logement.
Aussi pour cette ville longtemps décrite comme responsable de tous les maux de la civilisation moderne – qui n’a pas entendu parler de sarcellite ? – la priorité avant de recevoir un prix d’architecture était de permettre à tous, parisiens, provinciaux et populations des anciennes colonies françaises de se loger décemment.
On ne connaît que l’aspect urbain de Sarcelles, mais qui sait que dans cette cité, chaque habitant dispose de 34 m2 d’espace vert contrairement au Parisien qui n’en a que 9 !
A un quart d’heure de marche, on tombe sur un lac, une rivière, des champs et des bois et certes si ce n’est pas la France profonde de nos campagnes, c’est tout de même un poumon vert non loin de la capitale..
En hiver et sous la neige, c’est encore plus plaisant. Autour du lac, avec cette neige, on aurait presque envie de chausser des skis de fond pour faire une promenade.

Les anciens sarcellois n’ont pas oublié ces photographies de Jacques Windenberger, le premier artiste qui a mis en cliché avec talent notre ville.
Images d’enfants jouant avec des luges de fortune dans le parc Kennedy ou avec des boules de neige sur l’avenue Paul Valéry.
C’était hier, c’était encore les images du bonheur, l’insouciance de l’enfance dans les années 60.
Aujourd’hui, la neige autorise et incite à la créativité il ne faut pas oublier de surexposer de un ou de deux diaphragmes, car la neige est blanche, lapalissade s’il en est, mais il s’agit bien de surexposer malgré tout sinon notre image risque d’être grise.
Néanmoins, l’appareil numérique permet toutes les audaces et toutes les inventivités en photographie du moment que l’on est pas frileux et voici ces images d’un Sarcelles inhabituel dont parlent peu les médias.
Une ville qui a su marier urbanité et ruralité non loin de Paris, et avec le silence de l’hiver et son blanc manteau de neige, la nature si elle n’a rien de spectaculaire - on n’est pas en Norvège ou dans le grand Nord canadien - permet de se ressourcer pour un instant dans un havre de quiétude qu’ignore sans doute nombre de Sarcellois.
Faire des photos au lac de Sarcelles alors qu’il n’y a pas un chat est un plaisir.
En été lorsque reviennent les beaux jours, c’est l’endroit où se retrouvent beaucoup de communautés de Sarcelles pour faire la fête.
En continuant notre promenade hivernale les jours suivants aux nouveaux bassins de retenue dans la plaine de Chauffour nous avons l’illusion , pour un instant que nous sommes en lointaine province avec ses pêcheurs et ses chasseurs.
La photographie, parce qu’elle est une fenêtre sur le monde, permet tous ces petits bonheurs
Ceux de redécouvrir ces ilôts de nature en pleine ville.

Martial Beauville.

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