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Sarcelles comme de nombreuses villes de France s’est mobilisé en faveur d’Haïti.
A Sarcelles, le drame du tremblement de terre a été vécu avec plus d’acuité car ici vit une importante communauté haïtienne, présente aussi dans les autres villes populaires du Val d’ Oise ou de Seine Saint Denis.
Dès les premières heures qui ont suivi la catastrophe, élus et bénévoles sarcellois n’ont pas compté leur temps pour venir en aide à ce peuple meurtri.
Une cellule d’aide psychologique a même été installée à la maison des Dom.
Prés de 40 000 Haïtiens vivraient dans l’Hexagone.
Avant que les télévisions ne nous submergent des images de ce drame, qui se souciait vraiment de ce pays, un des plus pauvres du monde !
Cette catastrophe tient elle d’une malédiction comme on voudrait le faire croire ?
Haïti ou « Ayiti « terre des hautes montagnes « selon la terminologie donnée par les indiens Tainos qui la peuplaient avant d’être massacrés par les Espagnols, n’avait aucune vocation à être maudite !
Première république noire issue de l’esclavage, elle fut saignée par la France, l’ancien pays colonisateur qui lui demanda 150 millions de francs or – ramenée généreusement à 90 millions - en échange de son indépendance.
La France perdait ainsi une manne avec l’argent de la canne à sucre.
En brûlant les étapes, Haïti fut occupée par les Américains, gouvernée par des dictateurs – Duvalier, et gangrenée par la corruption – Aristide –
Chômage endémique pauvreté et donc corruption font que de nombreux Haïtiens vont vendre leur force de travail dans le Antilles Françaises pour aller couper la canne à sucre ou trouver des emplois dans le bâtiment ou le commerce.
Ajoutée à cela, la déforestation rend le pays vulnérable aux catastrophes naturelles.
Pauvre, Haïti n’attire donc pas ou peu d’investisseurs et les constructions ne sont pas aux normes antisismiques car un pays riche comme le Japon et qui subit aussi des tremblements de terre a pu et su faire les constructions adéquates pour protéger sa population.
D’où ces images de fin du monde à Haïti qui ont bouleversé la terre entière et provoqué cet élan de générosité sans précédent !
Mais au-delà de la générosité que va devenir ce pays alors que dans quelques mois une autre actualité aura éclipsé ce drame ?
Une générosité qui ne s’était pas manifesté depuis le tsunami en 2004.
Générosité des occidentaux pour un pays qui souffre.
Les Occidentaux d’aujourd’hui ne sont pas responsables des faits et actes de leurs ancêtres mais si l’Occident fut longtemps prospère, c’est aussi parce qu’il a pillé des pays comme Haïti et mis en esclavage des gens déportés d’Afrique.
Vers 1790, Saint Domingue – le nom d’ Haïti d’alors - était devenue la colonie française la plus riche de toute l'Amérique grâce aux profits immenses de l'industrie sucrière et de celle de l’indigo générés par le travail des esclaves.
Avec cette catastrophe, on a vu que les Français étaient généreux et ont beaucoup donné pour Haïti et on ne peut que s’en féliciter.
Mais les traders, les parachutistes dorés, les golden boys les patrons aux retraite chapeau ont-ils donné, eux qui ont amassé des fortunes en spéculant sur le travail et la vie des gens ?
L’image de la petite Winnie 16 mois retrouvée dans les décombres au bout de quatre jours atteste par exemple que le peuple haïtien, peuple fier a la volonté de se battre et de relever la tête !
La volonté de survie parmi ce chaos a crée une solidarité parmi les habitants.
Toutes les télévisions du monde, tous les reporters photographes ont pu faire des images de cette catastrophe, d’où la légitime émotion et la générosité qui s’en est suivi.
Des cadavres ont été filmés sans retenue aucune car ici aucun droit à l’image qui vaille !
Il est plus que symptomatique de constater que les médias occidentaux n’ont aucun mal à montrer des morts du tiers monde mais en revanche cela n’est pas vrai lorsqu’il s’agit de morts occidentaux !
Avez-vous pareillement des cadavres lors des attentats du 11 septembre ou lors de catastrophes touchant l’Occident ?
Pudeur et « droit à l’image « pour les uns – les Occidentaux – mais en revanche le traitement de l’info est différent lorsqu’il s’agit de pays pauvres !
Il y a quelques années en 2004 à Perpignan au festival de la photo de reportage, nous avions été saisi par des images d’un jeune photographe Remi Ochlik, jeune de 20 ans qui avait acheté son billet sur Internet et s’était rendu dans cette île des Caraïbes pour faire des photos de la chute d’Aristide.
Image choc déjà d’un gamin qui s’enfuyait avec un morceau de viande.
Vol ou instinct de survie comme on accuse aujourd’hui des gens de piller alors que l’aide internationale croupit à l’aéroport de Port au Prince.
En 2004 aussi, nous avions été éblouis par les clichés de Noël Quidu un reporter de choc qui avait déjà dépeint un pays entre guerres et ruine économique.
Mais aux Belles Images, c’est la venue fin 2003 d’un photographe d’origine haïtienne, Gérard Bloncourt qui nous avait tous émus.
Il nous disait déjà se souvenir de sa terre meurtrie « Je me souviens, disait il, du cyclone de 1936. Du tremblement de terre et du raz de marée qui l’ont précédé.
Je me souviens des 15 000 victimes et de ceux que la peur a rendus fous
Je me souviens des cadavres brûlés en tas pour éviter l’épidémie »
L’Histoire semble se répéter encore et toujours pour cette île qui fut la perle des Antilles !
Samedi 23 janvier, une petite assistance s’est donc retrouvée ainsi au Champ de Foire à Sarcelles autour d’artistes locaux et internationaux pour aider du mieux qu’ils pouvaient le peuple d’Haïti.
Peuple d’Haïti qu’il ne faudra pas oublier dans quelques mois, dans quelques années.
Martial Beauville.
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