|
J'ai connu Sarcelles dans les années soixante entre 1964 et 1968, au moment où le vieux bourg de Sarcelles s'agrandissait de ses HLM et de ce qu'à l'époque on appelait ses « tours ».
C'étaient les premières bien avant La Défense.
Les rues n'étaient pas encore bien tracées et les jours de pluie on pataugeait dans la gadoue.
Les cousins que j'allais voir à Sarcelles étaient un couple de salariés modestes avec deux jeunes enfants et étaient contents de leur logement qu'ils trouvaient clair, agréable et confortable.
Seul inconvénient le chauffage au sol.
Pour moi, sortie récemment de ma campagne pyrénéenne, je trouvais ça moderne et ça m'en jetait!
Je ne percevais aucun problème de sécurité.
Je voyais Sarcelles comme une ville populaire, avec des marchés très vivants.
C'est vrai que j'y allais comme en touriste, invitée pour un week end ou pour garder les enfants.
Les enfants ont grandi, les écoles maternelles et primaires étaient de bonne qualité, la vie s'y déroulait comme ailleurs.
Quand j'y suis revenue il y a un an pour un pique-nique au bord du lac, j'ai reconnu la gare qui n'a pas changé, les premiers HLM toujours là, abîmés par le temps, des jeunes et surtout, élément nouveau dans le décor, une présence policière pesante.
Ce qui m'a choqué c'est à quel point le train venant de la Gare du Nord était mal entretenu, pas besoin de faire du mauvais esprit pour comparer avec les trains en direction de St Germain en Laye bien mieux pourvus.
Dans les hautes sphères, des crânes d'oeuf ont décidé que Sarcelles c'était comme ils disent dans leur langue de bois une « ville métissée », traduire ville de pauvres, français et gens de tous pays et donc inutile de se mettre en frais.
Heureusement que les associations de la ville, les élus, s'opposent avec ténacité à cette fatalité et qu'ils font vivre Sarcelles.
Il faudrait un analyse sociologique fine pour comprendre pourquoi Sarcelles est devenue un des symboles du mal vivre dans les HLM de la région parisienne.
Pour ma part je ne pense pas que l'on puisse parler de cités ni de ghetto.
Bizarrement j'ai le souvenir d'avoir mieux perçu les saisons à Sarcelles que dans Paris, il y restait, et il y reste encore un côté campagne, des espaces verts, on voit encore que ses bâtiments ont poussé sur les champs.
La Bourse s'écroule, tout fout le camp, mais Sarcelles vit et avec les Belles Images et d'autres associations, avec sa population qui bouge, qui évolue, qui apporte le monde entier à quinze minutes de la Gare du Nord, Sarcelles est une ville de notre temps.
Gigi, une touriste à Sarcelles
|